Il existe une forme de relation destructrice : « la relation triangulaire ou triangle relationnel ». On parle de relation triangulaire lorsque, dans une relation entre deux personnes, se rajoute une troisième qui tient le rôle d’observateur ou d’inquisiteur dans la relation. Le but de cette triangulation est de maintenir une relation interpersonnelle à trois. Il n’y a pas de véritable relation dans cette dynamique, puisque la troisième personne sert toujours d’intermédiaire, de rallier à une éventuelle coalition. Les trois personnes composant ce triangle sont dépourvues de frontières saines et agissent de façon inadaptée en maintenant, voir en aggravant les conflits.

Le rapport qui s’exerce entre les trois personnes provient de l’expérience de chacune vécue dans leur famille d’origine. Il se crée une alliance familiale. Cette alliance familiale n’est souvent qu’une fusion, un enchevêtrement laissant habituellement une fausse impression, une illusion, celle que tous les membres de la cellule familiale sont proches les uns des autres. Dans le triangle relationnel, la place de chaque membre est indéfinie, il n’y a pas de place à l’identité et la différence de chacun. Chaque personne composant le système familial ne sait plus où débute son « moi » et où débute celui de l’autre. Elles se « fondent » l’une dans l’autre. Dans cette dynamique, le territoire de chacun n’est pas respecté, d’où la perte d’identité qui maintient des relations malsaines. La triangulation annihile l’autoréalisation.

Par exemple, s’il y a un conflit entre Jean (Persécuteur) et son fils Hubert (Victime), c’est dans cette relation, en dyade que cela devrait se régler. Cependant, si Alice (Sauveur), la femme de Jean, la mère d’Hubert, intervient en faveur de l’un ou de l’autre, il se crée un triangle relationnel, donc un manque de respect, une violation du territoire de l’autre. Les rôles du triangle tragique ont été énoncés en premier lieu par Éric Berne1. Il considérait que les rôles s’interchangeaient dans les jeux, de sorte que la même personne à partir d’une position donnée pouvait se retrouver à jouer un autre rôle, tour à tour, dans un jeu subséquent. « Le triangle dramatique est une dynamique complexe où trois acteurs, pris dans un cercle vicieux (que dis-je? un triangle vicieux), sont liés dans une emprise répétitive, malsaine et sans fin puisqu’elle échappe bien souvent à la conscience des protagonistes. »

 

Le triangle dramatique

« C’est un jeu théâtral utilisé dans la vie courante. Un jeu non pas de quatre coins, mais de trois coins : le triangle dramatique. Il s’agit de prendre d’assaut, successivement, une des positions d’angles. Sous chaque rôle que nous adaptons à l’un des angles s’ébauche déjà le rôle que nous prendrons en changeant de position pour aller vers un autre angle. Sous le Sauveur, et grâce à l’aide qu’il apporte, se dessine déjà le Persécuteur. En vous sauvant, il vous fait sentir, de façon condescendante, votre besoin et votre indigence, et vous transforme déjà en Victime. Vous sentez en lui ce Persécuteur caché.
Aussi, ne voulant plus être l’assisté – les Victimes –, vous prenez le rôle du Persécuteur à l’égard de votre Sauveur. Il devient alors votre Victime, etc., et cela tourne sans fin.
C’est comme s’il y avait un metteur en scène secret qui réalise à chaque instant le scénario que nous avons choisi enfant. »

Quand deux personnes sont en conflit et n’arrivent pas à résoudre un problème, une des deux ira chercher une troisième personne (ayant aussi des frontières malsaines) à laquelle elle tentera de se rallier afin d’apaiser la tension qui l’habite et de soulager la douleur présente que lui cause ce conflit.
Le rapport en triade est basé sur le manque d’honnêteté, le manque de responsabilité de chacun. Ces manques mènent souvent à la trahison et risquent d’entretenir le conflit souvent non identifié entre deux personnes. Il y a risque de confluence, car la troisième personne n’est pas concernée par ce conflit, mais elle contribue par son attitude à le maintenir en devenant partie intégrante de celui-ci. En fait, de son rôle d’observateur, elle devient l’alliée, le Sauveur de la personne qui a sollicité son appui, donc le centre même du triangle.
Les protagonistes de cette dynamique se placent inconsciemment dans les trois rôles soit du Sauveur, de la Victime ou du Persécuteur et ils perpétuent ce jeu. Toutes ces personnes vivent dans ces rôles, des pertes et des gains, c’est ce qui les maintient dans ce triangle destructeur dans leur quotidien, appelé aussi : Triangle S.V.P. (Sauveur – Victime – Persécuteur)

 

La Victime

La Victime quant à elle, est une personne opprimée par un autre et collabore à sa victimisation en ne cherchant pas à se défendre. Elle a tendance à laisser son pouvoir à l’autre, à s’apitoyant sur son sort, en se plaignant, en accusant et en blâmant l’autre : le Persécuteur. La Victime recherche un Sauveur, le héros qui la prendra en charge, qui soulagera sa souffrance. Elle s’attire un bon Sauveur pour se décharger, mais à la fois, elle change de rôle et peut devenir le Persécuteur à son tour.

 

Les conséquences :

  • Perte de sa liberté intérieure
  • Privation de son autonomie
  • Perte de son pouvoir personnel
  • Isolement

 

Les (faux) bénéfices :

  • Trouve toujours un Sauveur (apaisement de sa souffrance)
  • À l’impression que le problème c’est l’autre (projection)
  • Ne prends pas sa responsabilité
  • N’a pas à prendre en charge ses émotions
  • Se plaint, blâme, critique, accuse l’autre

 

Extrait du livre Devenez votre propre thérapeute, de Ginette Plante, publié par Les Éditions Québecor.

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